Avec une superficie équivalant à un tiers du territoire français(185 180 km2) et une population de 17 millions d'habitants, la Syrie fait figure de géant par rapport à ses voisins israélien, jordanien et libanais. L'aridité du climat a concentré la population à l'ouest du pays, le long de la côte et sur l'axe Alep-Damas.
Si vous avez la chance de survoler la Syrie de jour et d'être assis près d'un hublot, vous verrez très vite se dessiner les grands traits de la géographie du pays. Entrant dans l'espace aérien syrien à la latitude de Tartous, sur la Mediterranée, votre avion franchira immédiatement le long bourrelet montagneux nord-sud du djebel Ansarié, qui se prolonge au sud par les monts du Liban souvent enneigés jusqu'en mai. Derrière cette barrière montagneuse, le grand lac de Qattiné annonce les plaines irriguées du bassin de l'Oronte. Les grandes villes de Alep, Hama et Homs s'égrènent le long de cet axe.
Le couloir aérien survole la steppe désertique: un plateau rocheux barré de montagnes inhospitalières. Au- delà, rayant en diagonale le pays, se dessineraient le long cours de l'Euphrate et la grande tache bleue du lac al-Assad si l'avion n'entamait rapidement un large virage vers le sud pour gagner l'oasis de Damas. A l'approche de la capitale, le désert se couvre de volcans aux cônes bien dessinés. Ils annoncent le décor volcanique du djebel Druze, situé au sud de la Syrie.
La Syrie est un pays méditerranéen. Avec sa petite façade maritime de 183 km, elle dispose d'un précieux débouché sur l'Occident que lui envient bien des pays arabes. Le long de la côte s'égrenaient les villes antiques (Lattaquié, Djéblé) qui à l'instar des métropoles voisines d'Antioche (Turquie) et d'Alexandrie (Egypte), regardaient vers Rome. L'étroite bande côtière est consacrée à la culture de l'olivier et de l'oranger ainsi qu'à celle des légumes. Elle abrite les trois ports de Syrie : Lattaquié ville principale de la côte ; Banyas, terminus d'un oléoduc ; Tartous qui exporte les phosphates syriens. Le tourisme balnéaire y est moins développé qu'en Turquie.
Elles constituent le refuge traditionel des minorités alaouite, chrétienne et ismaélienne. Au nord, le massif calcaire du djebel Ansarié culmine à 1510 m. Sur les crêtes sauvages de cet imposant anticlinal boisé de chênes et de pins, se dressent les plus belles forteresses croisées. Les cultures, traditionnellement en terr asses (tabac, céréales), sont rares et les hameaux dispersés ne dépassent guère 1000m d'altitude. Sa façade maritime est tapissée d'oliviers. Sa montagne est entaillée de profonds sillons, véritables canyons dont le plus impressionnant relie Qaadmous à Banyas.
A la frontière turque, de belles forêts courent sur les pentes du djebel al-Akra. Aucune grande ville dans ce paysage: à Kassab, Slenfé, Machta al-Hélou et Safita, des villages de vacances continuent de grandir. Ils sont fréquentés par une clientèle locale en quête de fraîcheur.
Au sud, le mont Hermon (2 814m) est le point culminant de l'Anti-Liban et de la Syrie. Il surplombe le plateau fertile du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Au nord de Damas, des sources irriguent des oasis de montagne (Maaloula, Saidnaya).
A l'est, la montagne s'effondre brutalement. Le fossé du Ghab occupe la dépression formée par la longue faille qui, de la Turquie à Aqaba, constitue l'accident géologique majeur du Levant. Cette ancienne zone marécageuse, où coule l'Oronte, aujourd'hui bonifiée constitue l'une des plus riches régions agricoles de Syrie. Cette zone irriguée se prolonge à l'est par un plateau calcaire qui ne dépasse pas 1000m d'altitude, puis au delà par la maamoura, une terre à l'orée de la steppe où les sédentaires pratiquent la culture céréalière. Elle court du nord d'Alep au djebel Druze. Ancien axe des caravanes, elle abrite les grandes villes de Syrie : Alep, Hama, Homs et Damas.
Zone de transition entre la maamoura et le véritable désert,la steppe syrienne (badiya) couvre approximativement la moitié du territoire du pays. Le relief qui s'offre est bien monotone, constitué d'espaces et de pierres et de sable soulevé par les vents. les précipitations sont très rares et limitées à l'hiver. C'est là que se maintient une activité pastorale entretenue par des Bédouins nomades ou semi-nomades. L'hiver, les troupeaux se dirigent vers l'intérieur du désert, l'été, lorsque la végétation se fait rare, ils se rapprochent des terres irriguées pour bénéficier des chaumes. Palmyre, dopée par le tourisme, est la principale oasis de cette région. Grâce aux eaux abodantes de sa source, poussent oliviers, grenadiers et dattiers.
Le vrai désert s'étend plus au sud. Il appartient au grand désert arabique comme la majeure partie de l'Arabie.
La création d'une vaste retenue à Tabqa a permis la mise en valeur des terres agricoles bordant l'Euphrate. Le long du ruban, tour à tour ocre ou argenté, les rives ont verdi. La région est dominée par les villes de Raqqa au nord et de Deir ez-Zor au sud, dont les ponts permettent le franchissement du fleuve.
En Djézireh, au nord-est de la Syrie, les cours de Balikh et du Khabur recueillent les eaux des montagnes d'Anatolie. A l'automne, les champs qui blanchissent annoncent la récolte du coton. La population de la Djézireh est originale. Elle est composée de Kurdes, de Bédouins sédentarisés, mais aussi de chrétiens venus d'Irak et de Turquie.
Aux confins de la jordanie, culminant à 1 800m, s'élève un massif volcanique formé de cônes encore bien dessinés, comme à Salkhad, et de coulées dont les plus impressionnantes sont celles de la Ledja et du Safa, vastes étendues inhospitalières de lave encombrées de galets volcaniques sur lesquels les caravaniers gravaient des inscriptions. Sur les pentes du massif qui retient les pluies, les Druzes, depuis le 19e s., ont pris possession des vieilles cités romaines. A l'ouest, le basalte décomposé a donné des terres fertiles(Hauran, Golan). Elles constituent le traditionnel grenier à blé de la Syrie.
La Syrie moderne
Damas